Oseriez-vous partir en randonnée et négliger la la petite voix qui vous dit qu'il y a peut-être des ours dans cette forêt? Moi, non. C'est pourquoi le discours que j'entends depuis quelques temps sur la peur me dérange. On voit de plus en
plus de messages encourageant les gens à ne pas écouter leur peur. « Ne
vous laissez pas arrêter par la peur » « Il faut faire face à nos
peurs. ». Je pense qu’on fait
fausse route, en essayant de faire taire notre peur.
Voyez-vous, moi si je pars en randonnée dans une zone où il
y a des animaux sauvages, je vais porter attention à la peur qui pourrait naître en moi, avant de partir et durant ma promenade. Cela ne signifie pas que ma peur des
ours va m’empêcher de faire le voyage, cela signifie que s’il y a effectivement
du danger, je vais me préparer en conséquence.
Ignorer la peur ou vouloir la regarder en face, dans ce cas pourrait se
révéler dangereux voire fatal.
N’importe quel artiste vous le dira. Le jour où il
n’y a pas de trac avant une représentation est celui où le risque d'erreurs est le plus grand.
La peur c’est cette petite voix intérieure qui nous dit qu’il y a
peut-être un danger et je pense qu’on prend beaucoup de risques en ne prenant pas au minimum le temps de l'écouter.
L’erreur que l’on fait, c’est que l’on confond la peur avec les gestes que l’on pose parfois quand on a peur.
Si la peur vous fige et vous empêche de faire quoi que ce soit, vous êtes plus à risque
que si vous prenez le temps de bien écouter cette peur et de poser des gestes
concrets. De plus, la peur trop
longtemps ignorée risque de réapparaitre sous forme de stress, ou
pire encore, mener à la panique. Et malheureusement, la peur d'avoir peur est souvent notre pire ennemi.
Voici donc quelques conseils, pour la prochaine que vous
sentirez la peur. Ne l’évitez pas, ne la négligez pas. Au contraire, prenez le temps de bien la
sentir et d’écouter ce qu’elle a à vous dire.
-
Fermez les yeux.
Portez attention à votre peur.
-
Prenez le temps de la nommer, osez dire
« J’ai peur »
-
Portez attention à la peur dans votre
corps. Où la ressentez-vous ? Est-ce un point de côté qui empêche de lancer votre
corps dans toute sa longueur ?
Est-ce une boule dans votre gorge où restent prises ces phrases que vous
n’osez dire ? Est-ce une sensation
dans vos jambes qui vous donne envie de fuir ou vous laisse figé sur
place ?
-
Petit à petit une image devrait se former dans
votre esprit, laissez-là entrer, sans résister.
Sentez la peur dans tout votre corps, et essayer le plus précisément
possible de nommer votre peur. De quoi
avez-vous peur ?
Une fois que vous comprendrez mieux votre peur, réfléchissez
à des gestes concrets que vous pourriez poser pour diminuer le risque que vous
voyez. Ne vous demandez pas « Comment je peux cesser d’avoir peur ? »
mais plutôt, « Comment je peux diminuer le danger que je perçois en continuant à faire ce dont j’ai envie . ». De cette façon vous continuerez d’avancer dans
la direction où vous voulez aller plutôt que tout arrêter pour éviter de ressentir la peur.
Il se peut que votre peur ne provienne pas d'un danger
réel. Peut-être avez vous peur du succès, peut-être ne
croyez-vous pas méritez ce que vous vous apprêtez à recevoir, ou encore
peut-être manquez-vous de confiance en vous.
Chacune de ses peurs méritent qu’on prenne le temps de s’y attarder de
façon concrète, et de les nommer, avant de pouvoir poser le geste qui les provoque.
N’oubliez pas que, peu importe que votre peur soit réelle ou
imaginée, votre corps, lui, ne fait pas la différence. Même si votre esprit venait à
la conclusion que le danger n’est pas réel, il se peut fort bien que l’adrénaline
soit à son plus haut niveau dans votre corps.
N’oubliez pas de vous offrir une chance d’évacuer le stress
accumulé. Sortez courir, allez boxer,
lavez la voiture, faites un exercice physique vigoureux qui donnera l’impression à votre
corps que vous combattez l’ennemi ou fuyez devant le danger.
Dans tous les cas, soyez indulgent. Pardonnez-vous cette peur réelle ou non. Nous ressentons tous de la peur de temps à
autre. Apprenez à écouter la peur le
plus tôt possible. En effet, il est
beaucoup plus facile de se préparer pour faire face aux ours avant même de
partir en voyage, que de devoir réagir quand l’animal se trouve devant nous.
Si un jour , vous partez en direction de votre objectif, le
cœur léger, l’œil alerte et que vous vous sentez présent et en focus, c’est
probablement parce que vous avez pris la peine d’écouter votre peur et que vous
vous sentez prêt à affronter même les ours les plus effrayants.
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