dimanche 8 février 2015

Marthe et Marie ou comment équilibrer le savoir faire et le savoir être

Dans ma pratique de coaching, j'aime beaucoup utiliser des métaphores inventées ou reprendre des vraies histoires pour aider mes clients à comprendre leur propre cheminement. Par exemple, j'aime utiliser le voyage de Christophe Colomb vers l'Amérique pour identifier les étapes nécessaires à un changement, ou m'inspirer du parcours du héros d'un conte de fées pour discuter des différents alliés et défis auquels on fait face dans l'atteinte d'un rêve.

Récemment, c'est moi qui a été touchée par une  parabole.  Je vous explique:

Mon mari et moi avons accepté d'être parrain et marraine du fils d'un de ses amis.   C'est un geste d'amitié plus que religieux puisque, bien que, comme la plupart des québécois de mon âge j'ai été élevée dans la religion catholique, je ne suis ni pratiquante, ni même vraiment croyante.   Comme le prêtre l'a exigé, nous avons dû nous inscrire à un cours de préparation au baptême. Disons que l'envie d'aller passer mon samedi matin avec 2 animateurs de pastorale ne me réjouissait pas énormément. Malgré tout, j'y suis allée l'esprit ouvert.

La rencontre incluait une discussion sur un texte de la bible dont je me rappelaits vaguement. Jésus visite Marthe et Marie. Pendant que Marie est assise aux pieds de Jésus en train de jaser, Marthe est aux fourneaux en train de préparer une autre "batch" de petits pains fourrés, une sauce à spaghetti, ou Dieu sait quoi. Comme je disais à l'animatrice de pastorale, Marthe, elle devait être une mère de famille, c'est sûr. Toujours est-il que Marthe était un peu tannée de tout faire et dit à Jésus "Ma sœur me laisse tout faire toute seule, dis-lui donc de venir m'aider." Et Jésus de répondre : "Pourquoi tu t'énerves autant? Tu sais, j'ai pas besoin d'autant d'affaires. Ce que Marie fait, est aussi important". *

Et, là, il y a eu comme un déclic qui s'est fait dans ma tête à moi.

C'est un défi auquel nous faisons face tout les jours, dans notre vie privée mais aussi au travail.  Trouver le juste équilibre entre faire quelque chose de concret et être en relation avec les gens autour de nous. Par exemple, dans le cadre de la mise en place d'un nouveau projet, on pense beaucoup aux gestes à poser, aux processus à revoir, aux systèmes à implanter.  Tout ça dans le but de servir, de faire beaucoup, parfois trop. D'une certaine façon, beaucoup de gestionnaires qui veulent implanter un changement ont tendance à être plutôt comme Marthe.

On oublie trop souvent de s'arrêter aux relations humaines, de prendre le temps d'écouter les préoccupations des employés, d'expliquer pourquoi le changement est nécessaire, de communiquer les différentes étapes, les attentes. Trop souvent on veut trop faire, et oublie pourquoi on essaie de faire. On oublie d'une certaine façon d'être comme Marie.

Je ne pensais pas que ça m'arriverait un samedi matin, dans un cours de préparation au baptême où je n'avais pas envie d'aller, mais bon, c'est peut-être au fond parce qu'il y a quelque chose d'universel dans le message de Marthe et Marie.  Elles sont restées dans ma tête pendant quelques heures et depuis  je continue de me questionner sur la différence entre faire et être. Entre servir et être présent.  

La question qu'il faut se poser à la fin c'est "Est-ce que j'avance dans la direction de l'objectif que je me suis fixé? Est-ce que je respecte mon intention."
Il vaut parfois mieux avancer à petits pas avec le support de tous que d'essayer de tout faire seul et d'échouer parce qu'on n'a pas su prendre le temps d'intégrer les autres personnes.



 





*Vous comprendrez ici, que j'ai un peu paraphrasé, mais moins que vous pensez.   Si vous êtes curieux, le texte originel est  Luc 10 /38, 42