lundi 22 juillet 2013

Un pas à la fois

Il y a un an et demi, je me suis levée un matin avec une forte envie de courir.  L'impulsion était tellement forte que je l'ai suivie, je suis allée m'acheter une paire de chaussure de courses, et j'ai commencé à courir. Et depuis, je cours, 2-3 fois par semaine.  Des fois j'oublie,  des fois j'ai pas envie, des fois il fait trop chaud, trop froid, mais je continue, un pas à la fois, parce que l'impulsion est là.

Je constate les bienfaits de la course sur ma vie.  Je cours parce que ça me fais du bien, parce que ça me donne de l'énergie, parce que ça me remonte quand je suis down, et ça augmente mon high quand je suis heureuse, parce que ça me donne tout plein de leçons de vie aussi.   Mais la plupart du temps quand je sors courir, ce n'est pas à cause de toutes ces raisons. C'est à cause de l'impulsion, cette sensation physique, que je ressens dans mon corps, dans mes jambes et qui me force à sortir sans même savoir quel sera le résultat.

Hier, pourtant, c'est mon cerveau qui m'a forcée à enfiler mes chaussures de course.  Pour toutes sortes de raisons,  bonnes ou mauvaises, ça faisait un peu plus d"une semaine que je n'étais pas sortie. Après une semaine à ne pas être écouté, le corps c'était tu. C'est ma tête cette fois, qui a donné l'ordre: "Allez,  on sort."

Je suis partie tranquillement, les écouteurs sur les oreilles. Mon corps a reconnu la routine et je me suis lancée. J'ai mis un pied devant l'autre, machinalement, même si mes jambes mes semblaient lourdes, comme si le cornet de molle de la veille s'était transformé en plomb dans mes talons.  C'est mon cerveau qui a mis la machine en branle, parce que je sais maintenant comment je me sens quand je cours et je veux retourner à cet état où l'envie vient de l'impulsion que mon instinct dicte.

Et j'ai couru, en m'écoutant, en me donnant le droit d'être fatiguée, en me donnant le droit de sentir cette lourdeur dans mes jambes.  Sans essayer de la combattre, sans essayer de m'épuiser, sans me sentir coupable de ne pas m'être écoutée durant une semaine.  J'ai couru, à mon rythme, à ce rythme qui me semblait si lent, mais que j'ai accepté, que j'ai laissé être.

J'ai couru avec l'impression d'être  un bébé hippopotame. En regardant le paysage, en souriant du  podcast dans mes oreilles.  J'ai mis un pied devant l'autre tranquillement, j'ai accepté de réduire ma route, de ne pas faire tout le chemin que je fais depuis quelques semaines, sans essayer de me punir pour m'être négligée, juste courir au rythme nécessaire pour continuer à sourire, pour rentrer à la maison avec malgré tout ce sentiment de plaisir qui me donnerait envie de retourner. J'ai couru doucement, à mon rythme d'hippopotame souriant, sans savoir combien de temps je pourrais courir, sans essayer de battre de record, juste mettre un pied devant l'autre pour repartir la machine.

C'est en rentrant à la maison que ça m'a frappé.  Ça n'avait pas été ma meilleure course, mais malgré tout, j'avais couru 5km, à un rythme comparable à ceux des dernières semaines.  Je me suis rappelé mes débuts, mes premières sorties où je faisais 1 min de course pour 6 minutes de marche, de la première fois où j'ai couru 3 km, c'est là que j'ai réalisé tout le chemin parcouru.

Ce matin, l'envie de courir revient, avec elle, l'envie d'écrire ce petit texte pour mon blogue, négligé lui aussi.  Je comprend maintenant que j'ai en moi le pouvoir de les remettre en marche.  Doucement, respectuement, en mettant simplement un pied devant l'autre, même si ce n'était pas ma meilleure course, même si ce n'est pas mon meilleur texte.

Je comprends de plus en plus que la plénitude dans la vie est faite de ce bel équilibre entre suivre l'impulsion quand elle est là et mettre simplement un pied devant l'autre même quand l'impulsion est plus floue, parce que ce mouvement est celui par lequel on remet la machine en marche, un pas à la fois.